← Retour Publié le

Sur les pas d'un Barbier Nomade : Mathieu Raymond

Voyage, coiffure et photographie. Si nous n'y voyons aucune corrélation, il existe pourtant un jeune homme plein d'ambition qui se présente comme un coiffeur nomade passionné par la photographie. Dans son salon de coiffure situé à Beauport, vous serez bercés par de la musique urbaine et apercevrez notamment des clichés paradisiaques accrochés aux murs. C'est dans ce contexte décontracté que nous sommes allées à la rencontre de Mathieu Raymond. Passons donc à la présentation de ce coiffeur dont la Success Story est autant authentique qu’inspirante.

Un voyage comme nouvelle naissance


À l'aube de ses 18 ans, Mathieu fait ses premiers pas dans la coiffure dans un salon situé en face de chez lui. Accompagné par un mentor qui l’encourage à se surpasser, Mathieu prend rapidement la main et décide de s'exercer à chaque fois que l’occasion se présente. Parallèlement, il voyage quand il peut en Amérique latine pour se ressourcer. Ces voyages sont finalement pour lui des occasions de se trouver; les astres s'alignent à ce moment là pour Mathieu. Parti en vacances quelques semaines au Mexique, le coiffeur se rend compte qu'il est apte à rendre ses services accessibles même sans connaître la région ou des personnes qui y vivent. Il s’exerce sur différentes personnes simplement pour le plaisir de la passion. Cependant lorsqu’il rentre à Québec, il décide de répéter le schéma ailleurs. Alors, il pose ses valises au Brésil quelques mois plus tard. "Je suis parti avec un peu d'équipement et sans parler un mot de portugais" dit - il en souriant. Mathieu propose ses services dans un barbershop brésilien quelques mois, sur l'île "Ilha Grande" tout près de Rio de Janeiro. Hébergé par ses pairs, Mathieu coiffe sans relâche et ne prête plus attention aux quelques contraintes auxquelles il fait face, tant il est épanoui par le cadre qu'offre cette expatriation. 

"Une fois de retour à Québec, j'ai encore eu envie de partir. Je voulais ouvrir un salon en Australie au départ mais j'ai dû rester pour des raisons personnelles" nous rapporte - t - il. 

En juin 2023, il ouvre les portes de son salon, proposant une large possibilité de services. 

Quand la passion l'emporte

"J'ai eu la chance de me former avec une personne qui croyait en moi et qui a vu mon potentiel, mais ça n'a pas été facile" nous confie - t - il. L'appréhension de la famille, les différentes critiques des pairs et l'incompréhension de certains proches n'ont été que des sources de motivation pour Mathieu. C'est sans aucune formation académique qu'il lance son activité. Considérant l'importance de la pratique plus qu'autre chose, il s'entraîne d'abord sur des amis puis finit par se perfectionner au point de fidéliser sa clientèle. La patience, l'autonomie et la persévérance sont des qualités essentielles qu'il véhicule dans sa façon de transmettre son travail à ses apprentis. Ce sont aussi des qualités qui lui permettent de s'identifier à ses collaborateurs, qui louent leurs chaises dans son salon. 

"Le partage, aujourd'hui ça m'importe beaucoup. C’est comme… capital je dirai" rappelle - t - il. Effectivement c'est une notion présente dès qu'on entre dans son salon, où nous nous retrouvons rythmés par du rap mais aussi captivés par les différentes prestations qui s'y donnent. Braids, colorations, tissages (rallonges) et dégradés se donnent dans le même espace et par des professionnels différents, tous qualifiés pour ces pratiques. Mathieu axe la politique du salon sur l'inclusion et exprime son désir de représenter un espace vivant et diversifié sans aucun complexe. Ayant évolué professionnellement avec des personnes de tout horizon, Mathieu ressent le besoin d'offrir des services qui vont avec la demande mais celle - ci est nuancée ; c'est pour cette raison qu'il a décidé de travailler avec six personnes qui ont des spécialités différentes pour une clientèle variée. Jorge et Kyle sont deux barbers bourrés de talent, qui vous feront la coiffure désirée avec beaucoup de soin. Mathieu travaille également avec deux jeunes femmes, Olyvette et Mwamini qui offrent respectivement des services d'extension capillaire et de tresses en tous genres. Elles comptabilisent des milliers d'abonnés sur Instagram, grâce à leurs modèles de coiffure toujours très impressionnants. Quant à Mary et Lise, elles sont les dernières recrues de Mathieu et sont spécialisées dans la coiffure pour femme sur cheveux caucasiens. La gestion de son salon n'est pas commune et c'est une idée qu'apprécie Mathieu. Il s'efforce d'offrir et de relayer différents types de prestations et prestataires afin d'avoir un salon à son image; inclusif, dynamique et accueillant. 


Le coup d'après ?

Mathieu est avant - gardiste dans son organisation administrative et relationnelle avec son personnel. Il tient à ce que ses collaborateurs conservent leurs autonomie et leur liberté. "Olyvette par exemple, est souvent à l'extérieur de Québec pour le travail et c'est bien pour elle. Sa promotion ne se limite pas à Québec et elle peut rêver grand. J'apprécie le fait qu'elle puisse aller et venir en comptant sur moi pour réserver sa place" exprime - t - il avant de continuer, "Aujourd'hui, je m'adapte au monde dans lequel on vit, j'offre de la mobilité et du confort. J'offre un service à domicile et permet à mes coiffeurs de le faire s'ils le souhaitent". Mathieu s'occupe de la promotion de ses coiffeurs sur ses réseaux personnels et booste autant qu'il peut leur travail. Il se définit comme un "boss cool" en nous citant une anecdote ; "J'en ai vu ici, qui prennent 50 voir 60 pour-cent du travail des autres, mais je n'ai pas voulu faire pareil parce que je sais comme ça peut être handicapant. Imagine faire 600 dollars en une journée et devoir donner 300 dollars de ton dû. Ça m'est arrivé, heureusement c'était à mes débuts. Ça n'est vraiment pas bénéfique et je ne veux pas que des coiffeurs vivent ça, surtout pas à long terme parce qu'il passerait à côté de quelque chose. C'est l'inverse chez moi, ils louent leur siège et gardent leurs bénéfices. Je ne veux pas que mon équipe se sente emprisonnée, je n'ai pas de closes ou de contrats qui encouragent ça. En plus à Québec, les choses vont vites. L'objectif n'est pas de faire fuir les gens ou de les faire parler. Juste de les faire consommer notre travail". 

Mathieu considère que la réussite est un élément relatif, mais il pense être sur son chemin. Le mode de vie qu'il a et qui lui permet d'exercer ce qu'il aime profondément dans de bonnes conditions est un symbole de réussite selon lui. Loin de lui l'idée de travailler pour financer un mode de vie ou pour rentrer dans les cases que la société imposent. "Tu sais quand j’ai commencé à couper des chevaux, personne n’a compris. On attendait de moi que je sois l’avocat ou le médecin de la famille » dit - il en riant, avant de continuer, « J'étais sûr de moi, et heureusement. C’est en me cultivant, et en voyageant que j’ai compris qu’il faut vivre de ce qu’on aime. Je ne veux pas travailler pour servir la société, je ne m’identifie pas à une routine. J’ai besoin d’activités qui me stimulent. Travailler pour payer des factures, des crédits c’est pas intéressant. D’ailleurs le fait de voyager m’a rendu très différent. Je suis devenu minimaliste et j’ai commencé à valoriser l’utilitaire. On évolue en tant qu’humain et en évoluant, je me suis rendu compte qu'on réussit en aimant ce qu’on fait et en sachant pourquoi on fait ce qu’on aime. Je suis heureux aujourd’hui grâce à mon travail et je pense que c'est une réussite » nous explique - t - il. 

La croissance qu'il a connu en l'espace de quelques mois permet à Mathieu de voir plus loin. Mathieu a les yeux rivés vers d'autres horizons et espère pouvoir ouvrir d'autres salons, à différents endroits. Bien que la gestion d'un salon soit un obstacle pour aller chercher d'autres marchés à l'étranger, il y voit un défi à relever. Mathieu accorde également beaucoup d'importance à la formation et au fait de "give back" ce qu'il a reçu. Il aimerait créer une école de coiffure agréée et reconnue par l'école pour que les formations puissent être financées par des subventions si des personnes n'ont pas les moyens financiers de se former. 


"L'histoire du Barbier Nomade mérite d'être exporté, alors on honorera ce souhait" nous confie - t - il.

Retrouvez - le sur Instagram :

@barbiernomade

Et ses collaborateurs ;

@kyle_le_barbier

@jorge.david.jaimes

@olyvettehair

@braids_mini