← Retour Publié le

L’Île immobilisée par les gangs : que se passe - t’il en Haïti ?

L'Haïti figure présentement parmi les Trending Topics dits TT (trad : sujets en tendance) sur Twitter. Sur ce fil d’actualité, divers tweets décrivent l’insécurité que traverse l’île depuis le 29 février 2024. Plusieurs événements des plus violents sont relayés depuis dimanche soir, dont la prise d’assaut de grandes prisons de la capitale haïtienne — Port - au Prince. Depuis lors, la ville est absolument hors de contrôle et semble vivre une véritable descente aux enfers. Un décret est tombé dimanche pour placer la ville sous état d’urgence pendant 72 heures mais qu'en est - il de la situation et de son évolution ?

L'insécurité comme habitude 

Depuis l'assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, les difficultés ne font que s'accroître en Haïti. Le pays est miné par la pauvreté et la criminalité, qui en somme, se résument à une situation insécuritaire dramatique. Le décès du président a laissé le pays dans une impasse politique permettant l'émergence du pouvoir des gangs armés. Ces différentes bandes contrôlent 80% de la capitale selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (agence de l'ONU). La violence a donc tout l’air d’être devenue chose commune sur cette île où l’équilibre politique et économique peinent à s’imposer. 


La loi du plus fort qui donne le rythme

Les faits du dimanche 3 mars marquent un tournant absolument inédit en Haïti. Deux des prisons les plus importantes de la capitale sont prises d'assaut par des gangs, entraînant ainsi l'évasion de près de 4 000 détenus considérés comme étant des criminels. Relâchés en toute impunité, ces évadés sèment désormais la terreur dans les rues de Port - au - Prince où la population est livrée à elle même sans aucun accès aux services publiques. Une troisième attaque commanditée par la coalition de gang G9 a lieu le lendemain, à l'aéroport de Port - au - Prince pour accueillir en fanfare le Premier Ministre. Celui - ci se trouvait être en déplacement au Kenya au moment des faits. Fort heureusement, l'édifice étant fermé sans aucun voyageurs ou avions en circulation, l'aéroport n'est finalement pas tombé entre les mains du G9. Néanmoins, six policiers sont décédés en ripostant contre cette attaque violence insoutenable.

 L’ordre est complètement inversé depuis lors, permettant aux différentes bandes armées de dicter la loi. Dimanche dernier, les autorités gouvernementales ont instauré un premier état d'urgence censé durer trois jours. Se retrouvant complètement dépassé par les événements, le gouvernement a finalement prolongé l’état d'urgence a jusqu'à la fin du mois de mars, aujourd'hui même, jeudi 7 mars. Pendant ce temps, le système de la santé publique s'effondre peu à peu, avec la fermeture d'édifices médicaux importants. Les écoles également sont touchées et ne peuvent plus ouvrir. Tandis que les bâtiments abritant les postes de police sont réduits en cendre... 

L'association Réseau National de Défense des Droits Humains en Haïti (RNDDH) a justement dénoncé l'inaction de l'État haïtien, qui semble désabusé de la situation. « Les autorités gouvernementales ont démissionné » déclare l’association dans un rapport.


Quelle est donc la véritable problématique ?

Le première ministre Ariel Henry est très contesté pour différentes raisons. Son accession au pouvoir était déjà remise en question au moment du décès du président Jovenel Moise. C’est d’autant plus intense depuis le mois de février, auquel il aurait dû quitter ses fonctions. Profitant de son absence, la coalition de gang G9 a donc organisé différentes attaques afin de prendre l'avantage sur la situation locale. Pendant que le chaos s’installait à Port - au - Prince dimanche dernier, le premier ministre signait un accord à Nairobi, capitale du Kenya. Cet accord acte la venue de forces militaires soutenue par les Nations Unies. En coopération avec les forces de l'ordre kenyanes, le but est de stabiliser la situation sécuritaire du pays. 

En rentrant de son voyage, le premier ministre est invité à atterrir à Porto Rico en raison de l’insécurité qui règne autour de l’aéroport depuis son attaque par le G9. Le premier ministre s’y trouve encore aujourd’hui.

Le mardi 5 mars, une conférence de presse est justement donnée à Port - au - Prince à ce sujet. L’homme que l’on considère comme grand cerveau derrière ces événements n’est autre qu’un ancien policier devenu chef de gang Jimmy Chérizier. On le surnomme "Barbecue" à cause de sa tendance à brûler vifs ses adversaires. Il déclare lors de sa conférence de presse qu’il exige la démission du premier ministre sans quoi il mènera directement une guerre civile menant à un génocide. L’importance pour ce chef de gang semble donc être le renversement du pouvoir d'Ariel Henry mais pour quelles raisons ? Il n’en dira pas plus. Barbecue déclarera également ; « Soit l’Haïti est un paradis pour nous tous, soit ce sera un enfer pour tous ». 

Documents à visiter pour en savoir plus sur la situation en Haïti ;

Courte vidéo explicative sur la situation courante en Haïti produite par HugoDécrypte.

https://www.youtube.com/watch?...

Documentaire sur la source de la culture des gangs en Haïti, en donnant compte de la dictature instaurée par les Duvalier.

https://www.youtube.com/watch?...